plus grands que nos corps
nous ne dormons plus
qu'à la verticale
quand la nuit se referme
sur nos peaux en état d'alarme
nous pratiquons des entailles
pour nous calmer nous mettre à l'abri des épidémies de médecins drogués dur et des raz-de-marée nous allons dehors nous réchauffer aux portes des tavernes incendiées nous racontons des légendes au bord du feu nous parlons du futur avec une voix rassurante un chandail de laine sur les épaules et une Kalachnikov flambant neuve dans le sang
les enfants apprennent ainsi
que nous sommes des vautours dépeçant
des chatons dans les rues commerciales
attention danger
nous contenons en nous
toute la foudre qui dort
heureusement pour nous pendre
il y a les avions
les vents
et les patrouilles d'oiseaux
les plus forts iront en enfer les autres derrière les barreaux d'une belle maison avec vue sur un ciel constellé d'usines un ciel brûlé de lumière bouillie
dans nos bouches la vie devient goudron
mourons de rire pour en finir
avec la pâleur parfumée des édifices
l'élégance des papillons mécaniques
François Guerrette, « Plus grands que nos corps… », Pleurer ne sauvera pas les étoiles, Poètes de brousse, 2012.